David Abram
Comment la terre s'est tue. Pour une écologie des sens2013
Du point de vue écologique, ce ne sont pas principalement nos déclarations verbales qui sont «vraies» ou «fausses», mais plutôt le type de relations que nous entretenons avec le reste de la nature. Une communauté humaine qui vit dans une relation mutuellement bénéfique avec la terre environnante est une communauté -pourrait-on dire- qui vit dans la vérité. Les manières de parler communes à cette communauté – les affirmations et les croyances qui permettent à une telle réciprocité de se perpétuer – sont, dans ce sens important, vraies. Ils sont en accord avec une juste relation entre ces personnes et leur monde.
Les déclarations et les croyances, qui entretiennent la violence à l’égard de la terre, des manières de parler qui peuvent altérer ou ruiner le champ environnant des êtres, peuvent être décrites comme de fausses façons de parler – des manières qui encouragent une relation non durable avec la terre englobante. Une civilisation qui détruit sans relâche la terre vivante qu’elle habite n’est pas bien au courant de la vérité, quel que soit le nombre de faits étayés qu’elle a accumulés concernant les propriétés calculables de son monde.
Référence
David Abram. 2013. Comment la terre s’est tue. Pour une écologie des sens. Préface et traduction de de l’anglais par Didier Demorcy et Isabelle Stengers. Les empêcheurs de penser / En Rond. ISBN : 978-2-35925-062-6.
L’original anglais, publié en 1996, c’est: The Spell of the Sensuous: Perception and Language in a More-Than-Human World. Vintage Books. ISBN 9780679776390.